Histoire
February 11, 2021
L’importance des données pour remédier à la crise du logement au Canada
Par Evergreen
Les données canadiennes sur le logement sont souvent dépassées, peu uniformes et difficilement accessibles. Comment pouvons-nous changer cela?
On ne peut pas améliorer ce qu’on ne peut pas mesurer. Alors même que les villes canadiennes connaissent une crise du logement, nos données sur le logement sont souvent dépassées, peu uniformes et difficilement accessibles.
De ce fait, nous ne pouvons pas entièrement comprendre l’écosystème du logement, et nous sommes confrontés à un obstacle majeur pour augmenter l’offre de logement et garantir le logement pour tous.
À quoi ressembleraient de meilleures données sur le logement? Pour bien des gens, cela signifierait avoir accès à des données de divers secteurs afin de permettre une meilleure compréhension des nombreux facteurs qui influent sur l’offre de logement et l’accessibilité du logement dans nos communautés.
Pour en apprendre davantage à ce sujet, nous avons rencontré Sean Gadon, conseiller spécial du Programme de soutien au Défi d’offre de logement, un programme dirigé par Evergreen pour aider les candidats du Défi d’offre de logement.
M. Gadon a à son actif plusieurs décennies d’expérience dans le secteur du logement, en tant qu’organisateur pour des locataires, en matière de construction de logements sans but
lucratif et de coopératives de logement, pour l’offre de conseils stratégiques aux élus et en tant que gestionnaire dans le secteur bénévole.
Nous avons parlé avec lui de la structure de la crise du logement et de l’importance de la collecte de données à partir de sources non conventionnelles.
Crise du logement
Lorsque nous parlons de la crise du logement, la mesure et l’analyse des données ne sont pas nécessairement la première (ou même la deuxième) chose qui nous vient à l’esprit. Toutefois, pour M. Gadon, il s’agit d’un élément crucial.
« À mon avis, on ne peut pas discuter de la question du logement au Canada sans commencer par aborder celle des données sur le logement », explique-t-il.
En effet, des données exhaustives sont nécessaires pour comprendre l’ampleur et la portée de la crise actuelle. Les sources conventionnelles de données sur le logement se concentrent sur la performance économique des marchés du logement, mais les experts préconisent la consultation de sources de données diversifiées pour saisir les causes fondamentales des obstacles au logement.
« Au cours des 10 ou 15 dernières années, nous avons clairement observé une marchandisation accrue du logement, déconnectée du pouvoir d’achat des ménages, qui a exacerbé la crise actuelle du logement. On remarque un écart de revenu important et grandissant, qui se manifeste par un écart d’abordabilité, et les résidents paient toujours plus pour louer ou devenir propriétaires » décrit M. Gadon.
Le fardeau de cette crise n’est pas réparti également. Les résidents à faible revenu, racisés et nouvellement arrivés ont
difficilement accès à des logements adéquats dans les villes de l’ensemble du pays. « La définition classique des besoins impérieux en matière de logement est un excellent point de départ pour examiner les iniquités au sein de notre système de logement », affirme M. Gadon.
Une mosaïque de données
Il est essentiel d’avoir accès à des données permettant de comprendre les inégalités pour pouvoir y remédier. Il faut donc recueillir des données provenant de divers secteurs.
« Nous avons fini par comprendre que lorsqu’il est question de logement et de prise de décisions concernant le logement, nous avons besoin de données multidisciplinaires », explique M. Gadon.
Il ajoute qu’outre les sources de données classiques telles que Statistique Canada et la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), il existe d’autres sources de données pertinentes dans cet « environnement en vase clos ».
« Nous connaissons la valeur des données recueillies par la SCHL et par Statistique Canada. Le défi qui nous attend consiste à développer une meilleure compréhension de l’écosystème canadien du logement en incluant et en recoupant entre elles les données riches et diverses provenant d’autres sources », explique-t-il.
Quelles peuvent être ces autres sources de données? Il peut s’agir de données sur la santé, sur le zonage, sur la corrélation entre la race et le logement, et plus encore.
« Les corrélations entre les données sur la santé, le logement, la pauvreté et les prévisions à long terme, entre autres, constituent une mosaïque de données de différentes sources non conventionnelles qui nous aidera à mieux comprendre l’ensemble de l’écosystème du logement », affirme M. Gadon.
Cette compréhension sera essentielle à la création de solutions de logement pour les résidents qui en ont le plus besoin.
Le Défi d’offre de logement
Un meilleur accès aux données et une meilleure utilisation de celles-ci semblent pouvoir engendrer une infinité de solutions de logement. Des tableaux de bord de visualisation des indicateurs d’offre de logement aux pratiques exemplaires en matière de données ouvertes, en passant même par les outils d’intelligence artificielle pour le nettoyage et la normalisation de données, il existe d’innombrables manières de mettre à profit les données pour s’attaquer aux obstacles au logement partout au Canada. Le Défi d’offre de logement, mené par la SCHL, invite les citoyens, les intervenants et les experts de partout au Canada à proposer des solutions novatrices aux obstacles qui limitent la création de logements.
Le premier cycle du Défi, « Fondé sur les données », a invité les candidats à soumettre des solutions de données ou des méthodes permettant aux décideurs de prendre des décisions plus éclairées en matière d’offre de logement.
Le programme de soutien au Défi d’offre de logement, mené par Evergreen, aide les candidats du Défi en leur offrant de l’encadrement, du mentorat et des ressources afin de mettre sur pied et d’améliorer leur dossier. Apprenez-en davantage sur le programme dès aujourd’hui.